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Textes Inédits
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Textes Inédits

Ces pages sont extraites, brutes de décoffrage, de mes brouillons des années précédentes. Peut-être n’évolueront-elles plus. Certaines semblent encore un peu incertaines, mais grâce à elles comprendrez-vous peut-être d’avantage la naissance et la maturation de mes textes. Rien n’est jamais complètement figé, même si les principales modifications tiennent de l’élagage, de la concentration du texte en un minimum de mots. Rares sont les transformations radicales qui restructurent mes poèmes lors de la phase d’affinement. Quelques un de mes textes restent au stade du brouillon. Ils sont nombreux à être édités dans la forme que leur avait donné le premier jet.


							ciel d’orage







                       foudre du bord des vaisseaux amiraux
        aux carènes d’ombre
                       foudre des soutes de grêle sur des boutres
.       à fleur d’eau
                       le basculement du ciel sous une rafale        
        aigre forge un coutre blanc de feu
                       prairies aux reins brûlés
                       vents endurcis rompus de feu et de foudre
                       arbres aveuglés de fièvre          les forêts
        clament les noms de l’orage
                       ombre furieuse          ombre profonde 
        écrin de tous les feux en sabres en cimeterres en lances 
        et hallebardes          de lumière battue sur l’enclume
        et de sang sur les cendres

en grande contemplation
le cèdre impassible
s’étonne d’une pensée


						vent 1



                               ce vent à fendre le ciel 
                pour l’ensemencer d’un langage de pluie
                               ce vent à rompre les monologues
                               ce à voler l’horloge l’espace 
                d’un dialogue avec les étoiles
                               ce vent à étendre des mots sur les fils du linge
                pour leur rendre voix
                               ce vent à tirer des mots de l’encre des lointains
                               ce vent à renverser les océans
                à les emmener en voyage à l’étrave du ciel
                fracassant dans une gerbe de glace et d’écume
                les hautes pressions          les calmes abyssaux
                               ce vent ouvert qui vrille la matière
                qui étire ses fibres jusqu’à l’élongation 
                à la cassure de bois vert
                               ce vent qui rend fluide la terre
                jusqu’à donner au ciel des pluies rouges d’Afrique

les monts de la balle



vois
                              vois ces yeux sur des scènes de prés foulés
                              vois ces mains écartant les amoncellements
               de l’ouest
                              vois ces corps s’écouter épaule contre épaule
                              vois ces yeux parler          parler          parler
               sans qu’aucune bouche ne puisse leur répondre
                              le mot capital ne viendra jamais d’une bouche
                              vois ces corps dépasser le langage
               sur des parvis vierges d’encre
                              vois ces mains jongler avec des rêves
               au dépend du clocher
                              vois ces pieds définir des chemins sur le ciel
                              vois ces musiques dénouer les camisoles
               d’ombre          et libérer les visages d'avant la foudre

du feu
                               d’une lame tirer l’éclat de lumière qui 
                fondra l’acier
                                de leurs épées ils forgeront des flammes pour
                illuminer les soirs de fête          l’acier n’est qu’une 
                lumière glacée          endormie dans un courant d’eau froide
                entre les pinces du batteur de feu          celui qui écrase 
                l’étincelle pour en tirer une matière morte qui sous le regard
                du soleil touche à son origine dans l’écho fugace d’une lueur
                sur le tranchant
                                
                                  la terre dévoile des miroirs aux corps des socs et
                 des versoirs          la terre ouvre la porte de la lumière à ce feu       
                  sans âme sous sa caresse rugueuse          le feu se rappelle à 
                  lui-même dans l’éclat sec du métal sur la pierre          le fer
                  cette flamme déchue          cette force compromise          
                  cette liberté contrainte           de la foudre elle cherche la 
                  force et la couleur          elle ne trouve qu’un éclair moribond 
                  dans ce feu liquide qu’elle fait gicler dans le meurtre        ce 
                  feu sombre si prompt à prendre le noir sur les dalles de béton
                  à abreuver des sillons stériles d’une haine pulvérulente        
                  de l’usinage il gagne une bouche noire qui crache un feu de
                  guêpes mortelles 
                          
                                      de leurs épées ils forgeront des socs et ce 
                   sera un moindre mal          ils trouveront ce feu vert d’eau 
                   et de limon transmutés qui monte jusqu’à la fleur pour 
                   garnir l’épi          ce feu nourri de sueur et du frottement 
                   des mains sur le grain si fin du frêne

                                        ils tremperont des plumes cémentées dans des
                     rêves pour tracer des sillons d’encre sur des plaines à 
                     relever          ils réveilleront les soleils sur des miroirs à
                     conquérir la lumière

colonnes vert-de-gris

monuments de guingois

l’allée du parc

théâtre d’Andrézieux

sur un angle de briques rouges

des vers échappés d’une pièce antique

s’amusent d’un ciel de novembre

le merle le rossignol
l’eau usant le lit des rivières
le vent qui se moque des boussoles
et des nuits
le feu et les cendres de la terre
la lumière des étoiles sur les cartes effacées
tout tout te dit
n’oublie pas d’être fou

silence

tenures des hautes terres

travail des arpenteurs de l’aube

quadrature de la parole


en grande contemplation

le cèdre impassible

s’étonne d’une pensée

fête africaine

frappeurs de peaux votre sang embrase
notre ciel de pluie
soulève nos corps alourdis d’orages
et vous danseurs tout en vibrations
rythme fait corps enchanteurs
du temps et l’espace vous allégez notre terre
vous abreuvez de votre sueur nos solitudes
glacées
par votre musique et votre chair d’Afrique
vous brûlez notre enfermement
vous ensemencez nos déserts surabondants
de votre humanité

toits enchevêtrés tombant d’un lambeau de ciel
murs anachorètes verdissants sous le regard
du nord
murs en paliers aux pieux de fer à l’œil grillagé
sous des branle-bas de tuiles
pierres de fougères pierres d’eau sous un
ciel tenant l’orage dans un respect incertain
murs avec à vos pieds l’humide présence d’un carré
de pavés
la plume des pigeons écrit la vie contre vos
soubassements