Textes inédits >Voir les nouveaux textes ajoutés ! <
Ces pages sont extraites, brutes de décoffrage, de mes brouillons des années précédentes. Peut-être n’évolueront-elles plus. Certaines semblent encore un peu incertaines, mais grâce à elles comprendrez-vous peut-être d’avantage la naissance et la maturation de mes textes. Rien n’est jamais complètement figé, même si les principales modifications tiennent de l’élagage, de la concentration du texte en un minimum de mots. Rares sont les transformations radicales qui restructurent mes poèmes lors de la phase d’affinement. Quelques un de mes textes restent au stade du brouillon. Ils sont nombreux à être édités dans la forme que leur avait donné le premier jet.
ciel d’orage foudre du bord des vaisseaux amiraux aux carènes d’ombre foudre des soutes de grêle sur des boutres . à fleur d’eau le basculement du ciel sous une rafale aigre forge un coutre blanc de feu prairies aux reins brûlés vents endurcis rompus de feu et de foudre arbres aveuglés de fièvre les forêts clament les noms de l’orage ombre furieuse ombre profonde écrin de tous les feux en sabres en cimeterres en lances et hallebardes de lumière battue sur l’enclume et de sang sur les cendres |
en grande contemplation
le cèdre impassible s’étonne d’une pensée |
vent 1 ce vent à fendre le ciel pour l’ensemencer d’un langage de pluie ce vent à rompre les monologues ce à voler l’horloge l’espace d’un dialogue avec les étoiles ce vent à étendre des mots sur les fils du linge pour leur rendre voix ce vent à tirer des mots de l’encre des lointains ce vent à renverser les océans à les emmener en voyage à l’étrave du ciel fracassant dans une gerbe de glace et d’écume les hautes pressions les calmes abyssaux ce vent ouvert qui vrille la matière qui étire ses fibres jusqu’à l’élongation à la cassure de bois vert ce vent qui rend fluide la terre jusqu’à donner au ciel des pluies rouges d’Afrique |
les monts de la balle
vois
vois ces yeux sur des scènes de prés foulés vois ces mains écartant les amoncellements de l’ouest vois ces corps s’écouter épaule contre épaule vois ces yeux parler parler parler sans qu’aucune bouche ne puisse leur répondre le mot capital ne viendra jamais d’une bouche vois ces corps dépasser le langage sur des parvis vierges d’encre vois ces mains jongler avec des rêves au dépend du clocher vois ces pieds définir des chemins sur le ciel vois ces musiques dénouer les camisoles d’ombre et libérer les visages d'avant la foudre |
du feu
d’une lame tirer l’éclat de lumière qui fondra l’acier de leurs épées ils forgeront des flammes pour illuminer les soirs de fête l’acier n’est qu’une lumière glacée endormie dans un courant d’eau froide entre les pinces du batteur de feu celui qui écrase l’étincelle pour en tirer une matière morte qui sous le regard du soleil touche à son origine dans l’écho fugace d’une lueur sur le tranchant la terre dévoile des miroirs aux corps des socs et des versoirs la terre ouvre la porte de la lumière à ce feu sans âme sous sa caresse rugueuse le feu se rappelle à lui-même dans l’éclat sec du métal sur la pierre le fer cette flamme déchue cette force compromise cette liberté contrainte de la foudre elle cherche la force et la couleur elle ne trouve qu’un éclair moribond dans ce feu liquide qu’elle fait gicler dans le meurtre ce feu sombre si prompt à prendre le noir sur les dalles de béton à abreuver des sillons stériles d’une haine pulvérulente de l’usinage il gagne une bouche noire qui crache un feu de guêpes mortelles de leurs épées ils forgeront des socs et ce sera un moindre mal ils trouveront ce feu vert d’eau et de limon transmutés qui monte jusqu’à la fleur pour garnir l’épi ce feu nourri de sueur et du frottement des mains sur le grain si fin du frêne ils tremperont des plumes cémentées dans des rêves pour tracer des sillons d’encre sur des plaines à relever ils réveilleront les soleils sur des miroirs à conquérir la lumière |
colonnes vert-de-gris
monuments de guingois l’allée du parc |
théâtre d’Andrézieux
sur un angle de briques rouges des vers échappés d’une pièce antique s’amusent d’un ciel de novembre |
le merle le rossignol l’eau usant le lit des rivières le vent qui se moque des boussoles et des nuits le feu et les cendres de la terre la lumière des étoiles sur les cartes effacées tout tout te dit n’oublie pas d’être fou |
silence
tenures des hautes terres travail des arpenteurs de l’aube quadrature de la parole |
en grande contemplation le cèdre impassible s’étonne d’une pensée |
fête africaine
frappeurs de peaux votre sang embrase notre ciel de pluie soulève nos corps alourdis d’orages et vous danseurs tout en vibrations rythme fait corps enchanteurs du temps et l’espace vous allégez notre terre vous abreuvez de votre sueur nos solitudes glacées par votre musique et votre chair d’Afrique vous brûlez notre enfermement vous ensemencez nos déserts surabondants de votre humanité |
toits enchevêtrés tombant d’un lambeau de ciel murs anachorètes verdissants sous le regard du nord murs en paliers aux pieux de fer à l’œil grillagé sous des branle-bas de tuiles pierres de fougères pierres d’eau sous un ciel tenant l’orage dans un respect incertain murs avec à vos pieds l’humide présence d’un carré de pavés la plume des pigeons écrit la vie contre vos soubassements |